Marc Charbonnier

Marc Charbonnier

Marc Charbonnier est un habitué du Festival des Chineurs…

Marc Charbonnier – interview 2010 pour le Festival des Chineurs

 

Marc Charbonnier est un habitué du Festival des Chineurs. Spécialisé notamment dans les jouets anciens, il est fidèle au rendez-vous pour transmettre à sa façon son amour des beaux objets. C’est un plaisir de l’écouter et d’approcher cette âme de brocanteur où se mêlent une douce nostalgie de l’enfance et une vraie sensibilité au charme de l’ancien.

 

Depuis quand exercez-vous le métier de brocanteur ?

 

Depuis l’année 2000 et je chine depuis que j’ai 16 ans. C’est vraiment l’amour des objets, faire des recherches, me documenter, l’envie de découvrir qui m’ont lancé dans ce métier.
J’ai commencé avec les jouets anciens, de filles et de garçons. Je continue et je suis assez pointu maintenant sur ce sujet. Ensuite je m’intéresse à tout ce qui est textile, le costume ancien, l’art déco, les objets de charme et de curiosités du 18ème et du 19ème.

 

C’est une passion ou c’est une histoire de famille ?

 

C’est une passion que j’ai depuis l’enfance, même mes parents sont étonnés de ça. Je n’ai pas été sensibilisé aux choses anciennes. Ma mère a plutôt un goût anglais, à la maison ça toujours été assez chaleureux en terme de décoration, mais c’est vraiment ma propre passion, je suis complètement autodidacte.

 

Comment travaillez-vous ?

 

Je fais les marchés, je travaille avec les salles de vente, avec certains musées, sur internet aussi, les foires à marchands… Je travaille entre autres avec une salle de vente parisienne, Tajan, pour qui je cherche de la marchandise, avec le Musée du peigne et de la plasturgie à Oyonnax dans le Jura et un musée du costume privé aussi et pour les Archives départementales des Landes. Je suis installé à côté de Dax et maintenant ça fait quelques années que je viens aux puces de Quintaou et au Festival des Chineurs.

 

Comment choisissez-vous les objets que vous chinez ?

 

J’achète des objets parfois parce que j’ai le client, des particuliers ou les musées, mais je fais surtout avec ma sensibilité. La plupart du temps ce sont des objets qui me plaisent à moi et que je vais savoir vendre. Je peux passer à côté d’objets qui valent de l’argent, mais si je ne sais pas les vendre je ne vois pas l’intérêt. Chez les antiquaires et les marchands, je crois qu’il y a 2 mondes. Il y a ceux qui aiment les objets, même s’il faut bien gagner sa vie, sans être hypocrite, et ceux qui aiment l’argent, ce n’est pas du tout la même démarche. Ça se voit d’ailleurs car chez moi il n’y a jamais une seule copie, je préfère présenter des objets de charme un peu abimés mais pas de reproduction, pas de copie.

 

Quels objets recherchez-vous en particulier ?

 

J’aime beaucoup les objets de charme et curiosités du 18ème et du 19ème.. Ça peut être une petite boîte en argent guilloché, une boîte à musique, des petits globes anciens, des mappemondes. J’aime bien aussi tout ce qui est « naturalia », c’est à dire des casiers à papillons ou des coquillages. Je les trouve en salle de vente, lors des déballages marchands et de temps en temps quand j’ai la chance d’aller chez des gens pour acheter.

 

Est-ce que vous avez en tête une anecdote à nous raconter sur le Festival des Chineurs ?

 

Oui, il y a deux ans, au Festival des Chineurs en 2008, il devait être six heures du soir, j’étais en train de regarder sous les tables, dans mes caisses et quand j’ai relevé la tête, sur mon stand en face de moi se trouvait Catherine Deneuve… Alors j’ai un peu perdu mes moyens sur le moment, parce que pour moi, c’est… les Demoiselles de Rochefort, c’est Peau d’âne, c’est toute mon enfance, c’est un mythe quand même ! Je sais que beaucoup de marchands l’ont vu, mais moi ça m’a un peu ému et elle a regardé plusieurs choses, elle m’a demandé les prix pour certaines et j’ai vu que j’avais une carafe en Ouraline qui visiblement lui plaisait. Et… Je me suis dit qu’il fallait parfois saisir les choses dans la vie et que je réfléchisse vite donc, au moment où elle repartait, je suis allé vers elle et je lui ai demandé de me permettre de lui offrir cette carafe qui lui plaisait pour la remercier de m’avoir fait rêver depuis mon enfance et aussi en la mémoire de sa sœur Françoise Dorléac que j’aimais beaucoup… Et là, elle m’a embrassé chaleureusement en me prenant les deux mains en me disant qu’elle était très touchée. C’est une petite anecdote que j’ai trouvé amusante, émouvante, c’était deux minutes d’intimité avec Catherine Deneuve, mais c’était vraiment magique…

 

Ce métier, c’est aussi une liberté ?

 

Oui, c’est une liberté qui se paie, rien n’est gratuit, on n’est jamais sûr de rien, ni de ce qu’on va vendre. Mais c’est le prix de cette liberté, c’est plus houleux qu’être salarié mais ça peut réserver de très jolies surprises…Il faut être courageux, et je pense qu’il faut aimer ce qu’on fait. Dans ces cas-là c’est aussi une motivation.

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